© Alberto
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Le temps d'avant
LE TEMPS D’AVANT
1
C’était hier le temps
Le temps d’avant
Le temps où toi et moi
Nous étions des enfants
Un peu perdu déjà
Le temps fleuri de nos dix ans
Le temps maudit de nos vingt ans
Le premier cheveu blanc
Et la première dent
Un peu perdue la chair
La chair de ton corps
A peine épanoui
A peine couleur d’or
Comme la rose qui moisit
Sous les taillis
Ça dégouline sur mon coeur
Toi que j’appelais ma petite fleur
Mais ce n’est rien je t’aimais bien
Continuons notre chemin
2
C’était hier le temps
Le temps d’avant
Le temps où tes parents
Riaient quand tu pleurais
Un peu perdu le temps
Où mes parents riaient encore
Usant la terre jusqu’au sang
Sans le moindre remords
D’avoir eu des enfants
Un peu perdu le temps
Cette toile de fond
A jamais déchirée
Que leurs mains ont tissée
En oubliant souvent
Les nuits d’été
Combien de pères combien de mères
Ont eu le même train d’enfer
Mais ce n’est rien ils s’aimaient bien
C’est ce qu’on dit sur le chemin
3
C’était hier le temps
Le temps d’avant
Le temps où toi et moi
Nous écoutions les gens
Un peu perdues déjà
Les matinées dans le jardin
Où l’oncle Jean prêtait serment
Me disant mon enfant
Le monde est dans tes mains
Un peu perdu ce monde
Ce monde renaissant
Semé d’adolescents
Qui rêvent encore un jour
De faire chanter l’amour
A l’unisson
Même les mots d’amour se meurent
Quand ils sont de trop dans le coeur
Mais ce n’est rien on s’aime bien
Continuons notre chemin
4
C’était hier le temps
Le temps d’avant
Le temps où toi et moi
Nous avions nos chansons
Un peu perdu déjà
Le vent du large sur la mer
Posant des rimes sur tes lèvres
Le premier frisson
D’une morne saison
Un peu perdue la pluie
La pluie qui a creusé
Des rides sous tes yeux
Comme un lit délavé
Où coule peu à peu
Tout ton passé
Et tu pleures devant mon lit
Toi qui ne me fais plus envie
Mais ce n’est rien je t’aimais bien
Continuons notre chemin
5
C’était hier le temps
Le temps d’avant
Le temps où toi et moi
Nous étions des amants
Un peu perdu déjà
Le temps méchant qui nous cherchait
Pour une nuit de sentiments
Et nous gardait au fond
De sa poche trouée
Un peu perdu le temps
Le temps des sentiments
Quand je le vois gisant
Ça me courbe le dos
Ça me crève la peau
A coups de faux
Alors ça me ferme la gueule
Ça me fait rester seul
Mais ce n’est rien je t’aime pour rien
Continuons notre chemin
©Guy Marchal (archives)
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