Il était une fois un chat au poil tout rouquin et un renard. Peut-être à cause de leur pelage analogue, les deux s’entendaient bien. Ils partageaient tout, leur jeu, leur nourriture, leur demeure. Ils étaient inséparables.
Un jour, alors que l’oisiveté semblait les gagner, un oiseau tout noir avec un bec jaune se posa d’un vol rapide près d’eux. Etonnés, le chat et le renard regardaient l’oiseau sans bouger.
- Salut le chat ! Salut le renard ! dit-il.
- Salut l’oiseau ! répondirent l’un et l’autre.
L’oiseau avait une proposition à leur faire :
- On pourrait peut-être jouer ensemble...
Le chat et le renard se regardèrent et échangèrent un clin d’œil.
- Pourquoi pas ! répondit le renard.
- Si tu veux, proposa le chat, on pourrait faire une course.
- Une course ! s’exclama l’oiseau affolé, mais je n’ai pas quatre pattes vigoureuses comme vous, je n’ai que deux petites pattes, toutes petites !.
- Et alors ? réagit le renard.
- Bon ! Bon ! se ravisa l’oiseau en songeant à ses ailes, je suis d’accord. Je peux évidemment courir avec mes deux pattes.
Les trois animaux s’alignèrent pour le départ et, sans trop attendre, se lancèrent dans la course. En un éclair, le renard et le chat avaient traversé le champ où il se trouvaient, tandis que l’oiseau, lui, avait fait à peine deux pas ! L’oiseau comprit qu’il était vain de continuer ce jeu avec ces deux compères. Il valait mieux trouver un autre jeu. Mais à ce moment là, comme venu de nulle part, un chien apparut. Il avait l’air de courir après une proie. Quand il vit le chat et le renard, il se lança à leur trousse en aboyant. Il courait derrière et ne les lâchait pas. La course durait. Elle partait dans tous les sens, à travers les bosquets, la grande herbe, par dessus les ruisseaux. Le chien allait-il attraper le chat en premier ou le renard ? L’oiseau jugea qu’il était temps d’intervenir. Il s’élança dans les airs en direction du chien qui le vit. L’oiseau fit du rase-mottes pour narguer le chien. Il courait maintenant après l’oiseau. Pendant ce temps, le chat et le renard qui n’en pouvaient plus s’étaient couchés sur le côté pour reprendre leur souffle. Ils observaient le balai de l’oiseau avec le chien. L’oiseau voulait l’épuiser. Au bout d’un moment, le chien abandonna sa proie volante et se coucha à son tour la langue pendante et écumante. L’oiseau qui n’était pas fatigué alla retrouver le renard et le chat.
- L’oiseau, dit le renard, tu m’as sauvé la vie, je ne te mangerai pas, car tu sais,... je t’aurais mangé !
Ensuite, ce fut au tour du chat :
- L’oiseau, tu m’as sauvé la vie, je ne te mangerai pas, car tu sais... je t’aurais aussi mangé !
L’oiseau devint l’ami de ce chat et de ce renard. Les trois devinrent inséparables.
©Guy Marchal (archives)