La vie est d'une injustice sans pareille ! Qu'aurais-je glané au cours de celle-ci ? Au fond du coeur, peu de joie. J'ai beau vérifier encore. Non, que de la paille humide, sale et mal séchée. Les illusions, quand elles tombent, fanent et meurent, et produisent dans le coeur ce genre de magma. Combien d'illusions se sont éteintes en moi ? autour de moi ? Toute une galaxie sans doute. Petite personne tellement adorée que la mienne ! Il était temps que je retombe les pieds sur terre et que je rencontre mon Petit Prince!
Certes, la vie de l'homme se passe avant tout et premièrement sur terre. Faut-il que si peu de gens le sachent ! Encore un peu, et j'allais passer moi aussi â côté de cette réalité.
Mais au fond, perdre ses illusions n'est pas si néfaste si, en échange, l’on se retrouve enrichi d'une clarté nouvelle. De quel ordre ? venue de phares disposés à ras de la route. Eh oui ! A hauteur d'homme. L'homme n'est pas haut ! L'homme n'est pas haut, il n'y a pas longtemps que je le sais. Avant, je ne le savais pas -avant : du temps de mes illusions. En ce temps là, je disposais de hautes lumières, de hautes clartés, comme pour éclairer un homme très haut ! très grand ! Où donc avais-je déniché ces phares puissants, ces soleils, qui voulaient m'éclairer autant les cimes que les fonds, ainsi que les étendues infiniment lointaines ? Dans quels livres ? Dans quelles bouches ?
Il y a de ces hommes, véritables Concordes volants, tant leurs illusions sont énormes et folles. Mais autant leurs vols dans l'azur sont fréquents, autant ceux-ci sont brefs. Et le sol vite retrouvé produit sur le visage une grise mine. On ne trouve pas toujours des visages joyeux dans les aéroports.
Non, je n'ai pas souvent réellement pris l'avion. Par contre, avec les illusions, oui. On voyage dans les airs, on s'évade. On fait combien de tours du monde ? On refait le monde. Le merveilleux s'ajoute au merveilleux. Quelque chose de profond dans l'être se gonfle, comme une voile de navire. A ce moment là, on éprouve l'impression forte de vivre.
C'est ce sentiment que l'on désirerait garder et prolonger à tout prix. Bien sûr, il finit par se retirer. Pour le retrouver, que ne ferait-on pas ? Que ne ferait-on pas pour retrouver cette altitude ? C'est ce vaisseau, bourré d'illusions, de rêves, de chimères...
Le mien est tombé, donc. Larmes, blessures, pertes. Mort. Mort ?
Plus on tombe de haut, plus cela fait mal. C'est connu. Alors, qu'aurais-je glané, disais-je, dans mes années, entre une perte d'illusions et un atterrissage forcé ?
Eh bien ! j'aurai d'abord acquis une vie sauve. Ce que je n'acceptais pas avant, pendant le temps de mes illusions, je l'ai accepté ensuite : Dieu. Les pieds bien sur terre, je pouvais m'ouvrir à Dieu et découvrir l'Evangile de Jésus-Christ. Mes illusions détruites, elles ne pouvaient plus m'empêcher de me donner sincèrement à la lecture de la Bible, à la prière et à la rencontre avec Jésus. "Je suis la lumière du monde" dit-il (1). C'est lui, maintenant, mon phare. "Ta parole est une lampe à mes pieds, et une lumière sur ma route." (2)
Je reviens de loin, comme on dit. En effet, par ce retournement, j'ai pris conscience du danger mortel que peuvent occasionner des illusions, des rêves poursuivis inlassablement. Ils ne mènent nulle part sinon vers la destruction. Heureusement, la Bible nous apporte la réalité dont nous avons besoin, Jésus-Christ. Pourquoi attendre que tout s'écroule pour se tourner vers lui ? Il se pourrait que cela soit trop tard.
Vérifiez vous-mêmes dans la Bible :
(1) Evangile selon Jean, chapitre 8, verset 12
(2) Psaume 119, verset 105
