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Le mépris
--> ainsi va la vie
Pour éviter de se mentir à soi-même, il faut se souvenir de son passé. Un homme dit "arrivé" ne doit pas oublier ses origines, surtout si celles-ci sont modestes. Or, l'oubli n'est-il pas le propre de notre cerveau ? Un homme comme moi, qui a changé de vie à l'âge de trente ans, se doit sur un plan personnel de veiller à son devoir de mémoire ! C'est pourquoi il m'a semblé bon (pour garder aussi un bon psyche), d'avoir écrit le témoignage de mon changement de vie, ce passage de ma vie d'athée à ma vie de chrétien.
Pourquoi je rappelle cet épisode de ma vie personnelle qui a eu lieu voilà déjà plus de vingt cinq ans ? Parce que maintenant sur Joueb, me voilà confronté avec des personnes éprouvant à mon égard les mêmes sentiments que j'éprouvais auparavant pour d'autres. Sur le moment je ne m'en suis pas souvenu, il m'a fallu un certain temps pour retrouver la mémoire et précisémment les lignes écrites de ma main qui en témoignent. Il s'agit du mépris. La réalité de la vie est telle qu'aujourd'hui, certaines personnes me méprisent commme moi il m'est arrivé de mépriser autrefois. Voilà le passage de mes écrits qui en témoigne :
La guerre continue
Avec les pensées d’un prisonnier, je tourne en rond autour de la table comptant les pas de mon désert. Interminablement. Le pire, impossible de crier, impossible de s’évader. Où aller ? La lune aussi est un désert. Tel un lion dans sa cage, je crache par terre, partout. Quoi faire ?
Ma mère qui a élevé seule ses sept enfants laissait entendre quelquefois cette plainte : « Qu’est-ce que j’ai donc fait au bon Dieu pour être si malheureuse ? » Moi, je ne comprenais pas qu’elle put souffrir alors qu’on ne lui voyait aucune blessure, nulle trace de sang, simplement des larmes.
Je ne savais pas encore qu’une grande personne pouvait parfois pleurer comme un gosse.
Et de l’autre côté du mur, la tension persiste. Par moments, le tac-tac-tac de la machine à écrire se fait entendre,on dirait des rafales de mitraillette.
La guerre continue.
Frau Weiss ne lâche pas prise, décidée à reprendre son office de mère. Avec quelle patience la vieille femme s’obstine à vouloir déterrer ce qui est enterré !
Un rien pourrait me faire éclater. 0h, si elle ne craint pas mes colères, c’est qu’elle a remarqué que je ne m’en prenais qu’à mes affaires ; elle se rappelle ma guitare jetée par terre et piétinée à cause d’une rengaine qu’elle voulait me faire jouer à tout prix. Cette femme me dégoûte.
Que l’occasion se présente pour une réconciliation, par exemple quand Georges m’appelle au téléphone, ou encore lorsque nous sortons au même instant, c’est pour me décocher ses flèches empoisonnées : « Ce que vous écrivez ne servira à rien ! », « Vous ne serez jamais heureux ! »...
Ou que je tente courageusement de lui expliquer les raisons de mon retranchement, le mal de vivre, ma dernière tentative pour survivre, elle ne comprendra pas, elle se fâchera ; du reste cela risquerait fort de se terminer une fois de plus avec la police.
Cette femme a fini par me causer plus de problèmes que Johanna ne m’en a causé, que le monde entier ne m’en cause. Elle me barre le chemin. Aussi quand je la vois aller à l’église chaque dimanche, quel mépris ne m’inspire-t-elle pas ! quels hochements de tête ! ne faisant que consolider au fond ma conviction : il n’y a pas de Dieu.
("Rue des Filles du Calvaire, sans le savoir j'avais cherché Dieu")
Cette femme que j'ai méprisée est décédée depuis longtemps. Aujourd'hui je puis vous confier ma pensée du coeur. Quand je mourrai, je me réjouirai de retrouver mes proches bien sûr, mais entre autres deux personnes : ma mère et cette femme. Elle disait toujours que j'aurai ma place dans le ciel mais que ce sera grâce à elle. Je crois qu'elle avait raison, parce que cette femme fut vraiment en quelque sorte ma deuxième mère.
Aujourd'hui, je me garderais bien de mépriser qui que ce soit. Dieu m'en garde !
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La méprise !
Ça vous a un peu des accents pauliniens, tout cela, non ? Genre avant... et après le chemin de Damas, bien sûr. Il y a aussi les femmes qui vont à l'église chaque dimanche, qui inclinent à vous barrer le chemin parce que ce sont elles qui vous méprisent... se méprenant sur vous ! « Ce que tu écris ne sert à rien ! », elles ne le disent pas explicitement mais elles le pensent tellement fort.
Mais ça, ça se passe plutôt à l'étage au-dessus : le passage de la vie de chrétien gentillet à celui d'un modèle un peu plus déconcertant pour des proches qui se font souffrir tous seuls en mesurant sans doute -chez eux et par contraste- l'écart qui se creuse entre les intentions et les actes posés. Ah, ces mensonges à soi-même...
Cela aussi n'est pas sans poser d'énormes problèmes, loin s'en faut. Mais d'une certaine façon, on sent que ces problèmes ont leur propre limite ! Les alimenter, c'est en effet contribuer à creuser davantage l'écart... ajouter chez ceux qui s'y prêtent de la souffrance à la souffrance. Alors, ils se réfrènent... en se rattrapant sur le mépris. Ainsi va la vie !