Amnésies...
Ignacio Ramonet , Le monde diplomatique,
MANIÈRE DE VOIR 82, AOÛT - SEPTEMBRE 2005
L'AUTRE SECONDE GUERRE MONDIALE
Peu d'événements ont suscité autant de livres, de films, d'émissions et d'articles que la seconde guerre mondiale. Et pour cause : elle a ravagé des dizaines de nations et coûté la vie à plus de 50 millions d'hommes et de femmes -- dont 6 millions de juifs et de Tziganes, victimes d'un génocide racial sans précédent. Pourtant, soixante ans après la victoire sur le nazisme, le souvenir du conflit commence à s'effacer. Des pans entiers tombent dans l'oubli -- quand ils n'ont pas été délibérément occultés.
ÉVÉNEMENTS OUBLIÉS
Mais la seconde guerre mondiale n'est pas la seule victime de ces phénomènes d'amnésie sélective. Des pages de l'histoire de l'humanité ont disparu des mémoires, en ont été effacées ou y ont été réécrites, non sans arrière-pensées : de la traite et de l'esclavage à la liquidation des Panthères noires, en passant par la Révolution française, la colonisation de l'Algérie, l'expulsion des Palestiniens, la révolte ouvrière à Berlin-Est et le procès Eichmann...
CULTURES EFFACÉES
Dans le tohu bohu de l'histoire, il arrive même que des civilisations soient englouties. Ainsi, l'Europe, pour se constituer, a-t-elle gommé les huit siècles durant lesquels l'Islam marqua sa vie, singulièrement en Espagne. Le génocide nazi a anéanti la majorité des juifs de notre continent, mais aussi la « patrie » linguistique et culturelle de nombre d'entre eux : le yiddish. D'autres cultures, encore vivantes, sont menacées : c'est le cas de la culture ouvrière avec ses traditions de solidarité et de luttes.
LES MACHINES DU SOUVENIR
L'oubli a, bien sûr, des causes naturelles : le temps emporte avec lui une partie du souvenir des événements du passé. Quand les contemporains disparaissent, les institutions et les professionnels chargés d'écrire et de transmettre l'histoire doivent prendre le relais. C'est notamment la responsabilité de l'éducation -- concepteurs de manuels scolaires comme enseignants -- et des médias. Mais beaucoup dépend aussi -- la « résurrection » du 17 octobre 1961 le montre -- du combat obstiné des intellectuels...
http://www.monde-diplomatique.fr/mav/82/
Lundi (20/06/05) (Rappel)L’Europe : Fin de partie. Une autre partie recommence
Lorsqu'une génération qui a connu la guerre vieillit et disparait peu à peu, il faut s'attendre à des changements dans la société. Parce que la génération qui suit, elle, n'a pas connu la guerre.
Le slogan "Plus jamais la guerre" est louable et merveilleux. Hélas ! la réalité de l'Histoire montre qu'il est utopique.
Je le répète : j'étais pour le "oui" français à la Constitution européenne. Rien que pour le maintien de la paix que cette union européenne procure, tout en sachant que la paix gratuite ou bon marché, ça n'existe pas (mais qui le sait vraiment ?).
Et maintenant, sur l'échiquier européen, ce n'est qu'une fin de partie comme tout le monde s'en rend compte. Une autre partie recommence, un autre bras de fer -en attendant l'échiquier mondial...
"Il n'y a rien de nouveau sous le soleil, tout est vanité..." Alors ?
