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Les pensées secrètes de Knut
Les gens sont pauvres, petits, enfermés dans leur univers, prisonniers de leur langue, de leur pays, parfois de leur région ou de leur quartier. Ils se croirent plus importants qu'ils ne le sont (évidemment) et ne manquent pas de le faire remarquer aux êtres qu'ils croisent.
Ils veulent régner. S'ils se contentaient de régner jusqu'aux limites de leur territoire, cela irait, mais non... Quoiqu'ils n'aient jamais vu la terre en vrai (ils n'ont vu le globe de la terre qu'à la télé), ils veulent y régner en maître. Quoiqu'ils n'aient qu'une langue maternelle, ils veulent régner sur les milliers de langues maternelles que possèdent les peuples de la terre : cela s'appelle la folie. Ils croient possible l'impossible : cela s'appelle l'utopie.
Nous nous saluons courtoisement les uns les autres. S'il le faut, nous faisons le beau, nous mettons une cravatte. Les femmes jouent le jeu à leur manière.
Depuis que nous sommes petits, nous avons grandi en ressentant les frissons de la chair. Rien n'a changé. Ou si peu... Les gens qui changent en bien comptent si peu !
Partir à bord d'une diligence ou à bord d'un TGV, c'est pareil. L'absence reste l'absence et la souffrance reste la souffrance. S'il y a moins de chagrins d'amour de nos jours, c'est que les gens aiment moins. D'ailleurs pourquoi aimer ? Aimer, aimer... une fois peut-être, mais aimer plusieurs fois... D'ailleurs qui en est capable ? "Tout le monde", je sais !
Moi non ! Je ne sais pas aimer. Désolé. Je ne peux pas faire grand chose. Je suis là, inerte, j'ai appris à lire, à écrire, mais je n'ai jamais appris à aimer. J'ignorais d'ailleurs la nécessité d'aimer pour vivre, je veux dire, pour bien vivre. Car on ne m'a parlé dans ma jeunesse que de la nécessité du bac. Et le bac je ne l'ai pas non plus !
Si un chien était capable de rire, je crois que je serais cet animal. Au lieu de cela, je suis un ours, un ours blanc, et je m'appelle Knut.
La seule peur que je trimballe, c'est qu'un jour on me tire dessus.
Je m'aperçois que ce petit animal chéri a même un site ! http://www.knut.fr/
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Blague à part, je pense que Knut serait plus interessé de savoir pourquoi sa mère l'a abandonné à sa naissance plutôt que de se poser des questions sur le TGV.