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Monsieur Henry
--> SDF de première classe
La crise est arrivée, la crise soudaine, d'abord financière, puis économique... Elle s'abat comme un oiseau de proie sur les pays du globe, les uns après les autres, domino day. Déjà que la situation n'était pas gaie... Le coup de massue parti des Etats-Unis semble se répercuter sur tous les crânes, paralysant les esprits et apeurant les âmes !
En plus, l'hiver est arrivé et, comme chaque année, les SDF... Les SDF...
Pourtant, ici, chez-moi, comme si de rien n’était, je continue de côtoyer des gens aisés, en relative bonne santé, travailleurs, bien-pensants, qui ne voient pas vraiment de crise... Je ne sais pas comment ils font, (ils ne sont pas des machines, ils sont des gens), ils ont toujours assez d'argent en poche... et me payent le café à la pause de midi ! (ils me payent rien d’autres !)
Quoi dire et quoi faire au regard des SDF de France ?
Après la mort d'un SDF de 31 ans à Marseille le 6 décembre 2008, Elvin écrit dans Le Point : "Quand un homme dort dans la rue, c'est déjà trop tard et nous, simples citoyens et témoins de cette misère n'avons pas à culpabiliser de n'avoir rien fait car que pouvons-nous faire, et comment ? Mais, s'interroger sur le pourquoi du comment, sur tout ce qui a dû arriver à cet homme pour qu'il en soit devenu un SDF, oui, nous pouvons tous le faire. Cela commence souvent par un licenciement, puis par le passage de la victime entre les mains de prédateurs qui ont fait semblant de vouloir l'aider mais se sont bien servis au passage et lui ont pris le peu qu'il lui restait, d'argent et de confiance en soi. Pour peu que cet homme, dans sa détresse, ait commis une faute de désespoir, voilà tout trouvé le prétexte pour sa famille et ses amis de lui tourner le dos définitivement, alors qu'ils n'avaient de toute façon rien fait de bien avant mais s'en trouvaient quand même un peu gênés. Une fois la mort sociale décrétée par les bien-pensants, la mort physique n'est plus bien loin, que ce soit de froid ou d'autre chose, peu importe. Mais les assassins, patrons voyous, banquiers et assureurs véreux, juges timorés, amis lâcheurs, parents indignes etc courent toujours !"
Tritton75 ajoute : "Ca choque toujours, de voir qu'un type de son âge est mort seul, de froid, dehors. Mais que peut-on faire pour lutter contre cette marginalisation ? Où est la limite de leur liberté ? Difficile de le dire."
Je partage ces propos, mais pas entièrement.
Il est clair, ne l'oublions pas, que le Gouvernement, en France comme dans d'autres pays, compte sur les associations et oeuvres caritatives, pour pallier aux carrences politiques. C'est grâce à ces associations qu'un équilibre social très fragile est possible. Mais rien ne va plus quand d'un côté ou de l'autre, des déficiences se font ressentir. Les causes sont multiples et de plus en plus compliquées. Le spectateur sur le terrain ou devant la télé s'en trouve profondément indigné, il voit des situations insuportables mais que peut-il faire, à par râler ou se poser en juge redoutable comme dans les exemples cités (dans lequel je ne partage pas le jugement) ? A moins d’être un abbé Pierre ou un Coluche, quelles solutions peut-il proposer ?
A mon sens, pour une discussion équilibrée, les thèmes suivants devraient s'imposer à nouveau et être remis sur le tapis :
- Droits et Devoir de l'Etat
- Droit et Devoirs du citoyen
Ce genre de discussion n’est pas systématiquement d’actualité (ou s’il l’est, il l’est en partie), il devrait l’être pour tout le monde, mais surtout pour la génération montante. Je ne sais si notre société du 21e siècle est capable de reprendre facilement en main ce genre de sujets. Car si un jeune de 25-30-35 ne règle pas ce problème, je pense raisonnablement qu'il est mal parti (sans même parler des diplômes). Ça c'est la théorie, oui ! La pratique montre de toute façon qu'ils sont bien rares ceux qui ont tout compris, tout réussi, et qui sont devenus des citoyens accomplis, forts pour affronter les crises et assez malins pour résoudre les problèmes existentiels ! Vous en connaissez de ces héros à part ceux du ciné ? Moi non ! Tant de composantes entrent en jeu : Nés ici ou ailleurs, chez les blancs, chez les noirs, de parents pauvres ou de riches, ou de malades, ou d'immigrés, nés de malchanceux ou de telle ou telle sensibilité, ou de telle religion... ah la religion ! Les religions et Dieu... quelle salade !
Bref !
Qu'est-ce qu'on fait pour s’en sortir quand on n'a même pas zéro centime en poche ?
Si un lecteur est passé par là qu’il me réponde et raconte son témoignage.
Personnellement, j’en connais un ! Il s’appelel Monsieur Henry ! S’il y a une femme que Francis Cabrel aime à mourir et qui a connu toutes les guerres, il y a ce Monsieur Henry, qu’on n’aime pas forcément, mais qui, lui, a connu toutes les crises !
D’abord dès la naissance, il n’a jamais connu son père, ses parents étaient pauvres, trop pauvres pour qu’il puisse être admis en 6e. Il fit donc de petites études pour apprendre un métier qui le conduisit très tôt, à 17 ans, à travailler en usine. Dès ces premiers temps, il fut étonné de voir des jeunes filles de son âge, sveltes, debout devant une machine, et accomplissant le même geste durant toute une journée. Lui-même se demandait pourquoi il devait travailler. Il avait tant de choses dans la tête qu’il aurait aimé faire ! Un jour, alors il qu’il dû se rendre en ville en plein après midi, il fut étonné de voir tant de monde dans les rues et il se demanda pourquoi tous ces gens ne travaillaient pas alors que lui était obligé de travailler tous les jours. Heureusement, Monsieur Henry était habile dans son métier, il gravit les échelons et se retrouva quelques années plus tard dans une grande entreprise, et cette fois non plus en bleu de travail mais en blouse blanche. Il voyagea à l’étranger, séjourna dans la capitale. Il côtoya le monde des uns et des autres ainsi que le monde des syndicalistes. Les jours de manif, il était toujours le premier, faut dire qu’il préfèrait marcher sur les grands boulevards que de rester enfermé dans les espaces à air conditionné ! Faut dire aussi qu’avec le temps, sa tête était bourrée de questions.
Un beau jour d’été, devant son chef ébahi, il rendit son tablier et s’en alla. Il ne revint plus jamais dans cet espace. Ce jour-là il sortit de la société.
Des jours, des mois et des années passèrent. Quand on lui demandait "Pourquoi es-tu parti ?", il était toujours embarassé et parlait de mal de ventre. C’est que Monsieur Henry n’aimait pas tricher, pas plus qu’il n’aimait les compromis. Une sensibilité, une urgence, l’obligeaient simplement à prendre du recul avec lui-même et avec les autres. Sa rébellion ne l’empêchait pas d’être aimable, ainsi sur son chemin, il trouva toujours une bonne âme, cependant que l’idée de mendier ne lui serait jamais venue à l’esprit. Il ne mendia jamais !
L’urgence, toujours l’urgence, en boule dans le ventre. Un mal, le mal-vivre, qui lui causait pas mal de soucis et pour lequel il ne trouvait aucun remède. Y-a-t-il au moins un remède pour ce mal ? Non, pensait-il en passant longuement à la loupe dans son esprit toutes les solutions d’urgence, drogue, sexe, argent, suicide... N’empêche qu’il fallait trouver une solution ! Et les solutions se recherchent sur mille chemins ! Quel empêtrement ! Mais que nous le voulions ou non, consciemment ou inconsciemment, un jour ou l’autre un choix s’impose, un chemin s’impose...
Alors ?
Alors ! Ce que nous sommes finit par prendre forme, ce qui a été semé par nous-mêmes, par nos parents, grands parents... finit par prendre forme. Sur le moment, nous sommes peut-être loin de nous en rendre compte, mais ce que nous sommes lorsque nous nous développons sous le soleil et la pluie, dépend de la graine qui a été semée. A nous de nous retrouver et d’en tirer le meilleur. Ici, qui est sincère est gagnant ! Parce qu’une rose ne peut pas dire qu’elle est une pivoine, ou un catus, hein ! Ah les beaux champs de tulipes de Hollande. Les champs de catus sont également beaux... quand ils fleurissent ! Faut pas les toucher, c’est tout !
Alors voilà notre Monsieur Henry à Paris. On se demande ce qu’il fait là. Il n’a pas bonne mine ! Il crache par terre. Son dos est un peu voûté. Il n’a pas un sou en poche, seulement un projet en tête... un projet qui a échoué, avorté. Ça c’est son affaire, il n’a pas envie d’en parler. Finalement, il n’a envie de rien du tout, comme un mec blasé et au bout du rouleau. Il est là seul dans la capitale, dispose quand même d’une chambre de bonne sous les toits, cela grâce encore à une bonne âme, ancienne copine, qui vient le voir de temps en temps. Elle ne peut pas faire plus pour ce pauvre Monsieur Henry, tellement empêtré dans ses problèmes qu’il ne peut retenir parfois quelques larmes. Il se sent très humilié devant elle et en même temps touché à vie par cet être qui lui a ouvert sa porte !
Monsieur Henry n’a plus qu’une envie, de se coucher et de ne plus jamais se relever. Solitude et désespoir sont trop lourds. Personne au monde ne lui a révélé le sens de la vie. Et lui ne l’a pas trouvé. Tout ce qu’il a trouvé, c’est l’inverse : le non-sens de la vie ! Alors...
C’est ainsi que d’une manière ou d’une autre se serait arrêtée l’existence de Monsieur Henry, SDF de première classe, rebelle et aimable... comme un ours. Mais Monsieur Henry n’est pas mort ! Que s’est-il passé ? Comment a-t-il pu remonter la pente et retrouver une existence sociale ?
J’admets que les SDF de seconde classe ont moins de chance, mais puisque tous les chemins mènent à Rome, je suis persuadé que la même chance de salut reste en chaque être humain.
Monsieur Henry n’est resté que trois mois dans cette chambre* sous les toits de Paris. La bonne âme, l’ancienne copine qui lui avait prêté cette chambre le regarda avec des yeux tous ronds lorsqu’au départ, il lui confia : "Dieu existe, il faut que je m’en occupe" !
Une autre bonne âme attendait Monsieur Henry dans une autre ville, dans un autre pays, pour l’aider dans sa nouvelle étape. Au début il accepta des petits boulots (parfois pénibles) ici et là, 2 h par jour, ensuite 4 h par jour, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’une entreprise l’embauche sous contrat avec un salaire permettant de vivre. Il arriva même à se payer des études théologiques qui lui permirent de changer à nouveau de sphères professionnelles et de partir en Mission.
Il se maria et eu beaucoup d’enfants.* C'est ici qu'il composa la chanson : "Terre au secours" que l'on peut aussi écouter (colonne de droite)
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Je respecte profondément ta foi, c'est pas le problème !
Mais t'occupes pas de politique, j'ai l'impression que tu captes rien et que tu mélanges tout.
T'as déjà la lumière.....c'est déjà pas mal!
Irradie rose au firmament!!
- Droits et Devoir de l'Etat : construire des logements et me dis pas que ya pas de sous !
- Droit et Devoirs du citoyen : nos impôts pour construire des logements et plus si: militantisme, charité, compassion, humanité, lumière divine et autres ......